Publié le 15 mai 2024

La pénurie de main-d’œuvre au Québec n’est pas seulement une porte d’entrée pour votre immigration, c’est votre principal levier de pouvoir pour négocier et accélérer votre carrière.

  • Le contexte actuel vous place en position de force pour négocier des avantages non standards, comme 4 semaines de vacances dès l’embauche.
  • Maîtriser les subtilités entre les programmes (Entrée Express vs. PCP) et les dispenses d’EIMT est plus décisif que l’offre d’emploi elle-même.
  • Des choix stratégiques, comme le secteur d’activité (public/privé) ou le point d’entrée au Canada, peuvent drastiquement influencer votre stabilité et votre vitesse d’intégration.

Recommandation : Abordez votre projet non pas comme un simple demandeur, mais comme un talent convoité qui connaît sa valeur et les failles du système à son avantage.

Vous êtes un professionnel qualifié, votre métier figure sur la liste des professions en demande au Québec, et pourtant, le chemin vers le permis de travail vous semble long et incertain. Vous avez certainement lu qu’il faut un CV au format québécois, qu’il faut postuler sans relâche et que les démarches sont complexes. Ces conseils, bien que justes, omettent l’essentiel : dans le contexte actuel de pénurie criante, le rapport de force s’est inversé. Vous n’êtes plus seulement un candidat à l’immigration, vous êtes une solution attendue par des milliers d’entreprises.

En tant que consultant réglementé en immigration canadienne (CRIC), je vois quotidiennement des candidats passer à côté d’opportunités uniques par méconnaissance des leviers à leur disposition. L’erreur est de se concentrer uniquement sur l’obtention de l’offre d’emploi, en la considérant comme la ligne d’arrivée. C’est une erreur stratégique. La véritable clé n’est pas seulement d’entrer sur le marché du travail québécois, mais de le faire dans les meilleures conditions possibles, en utilisant la demande pour votre profil comme un puissant outil de négociation.

Cet article n’est pas un énième guide sur la rédaction de CV. Il s’agit d’une feuille de route stratégique pour transformer votre statut de « candidat » en celui de « talent convoité ». Nous allons décortiquer ensemble comment utiliser la pénurie pour négocier des avantages, choisir la voie d’immigration la plus rapide pour votre profil, éviter les pièges administratifs coûteux comme l’EIMT, et faire des choix de carrière éclairés dès votre arrivée.

Pour naviguer efficacement à travers ces stratégies, cet article est structuré pour vous guider pas à pas. Découvrez ci-dessous les points clés que nous aborderons pour faire de la pénurie de main-d’œuvre votre meilleur allié.

Pourquoi les infirmières et enseignants sont-ils recrutés massivement à l’étranger ?

La réponse tient en un mot : urgence. Le Québec fait face à une pénurie structurelle dans des secteurs vitaux comme la santé et l’éducation. Les besoins sont si importants que la province ne peut plus compter uniquement sur sa main-d’œuvre locale. Pour pallier ce manque critique, des initiatives de recrutement international à grande échelle, comme les Journées Québec, sont devenues la norme. Ces événements ne sont pas de simples salons de l’emploi ; ce sont des opérations de recrutement massif, organisées et financées par le gouvernement pour accélérer l’arrivée de talents étrangers.

Le volume de ces opérations témoigne de l’ampleur du besoin. Les Journées Québec, par exemple, mobilisent régulièrement plus de 130 employeurs québécois pour pourvoir près de 1000 postes en une seule édition. Pour un candidat, cela signifie un accès direct et simplifié à des employeurs qui ont un besoin immédiat et qui sont déjà familiers avec les procédures d’immigration. Participer à ces missions est donc une stratégie prioritaire. Voici les étapes à suivre :

  1. S’inscrire sur le site officiel des Journées Québec bien avant la date limite (par exemple, avant le 11 novembre 2024 pour l’édition de fin d’année).
  2. Préparer un CV parfaitement adapté aux standards québécois, en mettant en exergue les compétences techniques et comportementales (soft skills) transférables.
  3. Cibler les missions de recrutement spécifiques à votre pays de résidence pour maximiser vos chances de convocation à un entretien.
  4. Une fois l’offre obtenue, l’employeur peut utiliser le processus de traitement simplifié, vous permettant d’obtenir un permis de travail pouvant aller jusqu’à 36 mois.

Comprendre ce mécanisme est fondamental : vous ne postulez pas à froid, vous répondez à un appel direct et organisé, ce qui réduit considérablement les délais et les incertitudes.

Comment utiliser la pénurie de main-d’œuvre pour négocier 4 semaines de vacances dès l’embauche ?

L’idée de négocier quatre semaines de congés payés dès la première année peut sembler audacieuse, voire irréaliste pour un nouvel arrivant. C’est pourtant devenu une pratique de plus en plus courante au Canada, et particulièrement au Québec. La raison est purement économique : la pénurie de talents coûte extrêmement cher aux entreprises. L’impact financier est tel que les employeurs sont désormais prêts à offrir des avantages concurrentiels significatifs pour attirer et retenir les meilleurs profils. Pour un candidat avisé, c’est un levier de négociation exceptionnel.

Pour bien visualiser cette dynamique, il faut comprendre que le coût de ne pas vous embaucher est souvent supérieur au coût des avantages que vous demandez. À titre d’exemple, on estime que les entreprises manufacturières québécoises ont perdu 18 milliards de dollars en deux ans à cause du manque de personnel. Face à de tels chiffres, offrir une semaine de vacances supplémentaire est un investissement mineur. C’est le moment de la poignée de main, illustré ci-dessous, qui scelle non seulement un contrat, mais un nouvel équilibre de pouvoir.

Poignée de main professionnelle entre candidat et recruteur dans un bureau moderne de Montréal

Comme le montre cette image, la négociation n’est plus à sens unique. Les recruteurs recherchent des partenaires pour résoudre leurs problèmes de croissance. Cette tendance est confirmée par des experts en ressources humaines. Comme le souligne le guide d’Agendrix, une référence en gestion RH au Québec :

De nombreuses entreprises canadiennes ont décidé d’offrir 3 voire 4 semaines de vacances à leurs employés dès leur embauche. Cette pratique leur permet de recruter et de fidéliser leurs employés beaucoup plus facilement.

– Agendrix, Guide de gestion des congés payés

Votre stratégie est donc d’aborder la négociation en présentant vos demandes (salaire, vacances, flexibilité) non pas comme des exigences, mais comme des conditions pour choisir leur entreprise plutôt qu’une autre. Vous ne demandez pas une faveur, vous évaluez une offre globale. La pénurie est votre meilleure justification.

Entrée Express ou Programme des candidats des provinces (PCP) : lequel est le plus rapide pour votre profil ?

Une fois l’offre d’emploi en poche, une question stratégique se pose : quelle voie d’immigration choisir ? Les deux options principales sont le système fédéral Entrée Express et les programmes provinciaux, comme le Programme Régulier des Travailleurs Qualifiés (PRTQ) géré via la plateforme Arrima au Québec. Le choix n’est pas anodin et dépend crucialement de votre profil. Contrairement à une idée reçue, Entrée Express n’est pas toujours la voie la plus lente pour un candidat destiné au Québec, surtout s’il est francophone.

Pour prendre une décision éclairée, il est impératif de comparer les critères, délais et volumes de sélection de chaque programme. Le tableau suivant synthétise les différences fondamentales, basé sur les données récentes, comme le montre une analyse comparative des tendances d’immigration.

Comparaison Entrée Express vs Arrima/PCP Québec 2024
Critère Entrée Express Arrima/PCP Québec
Nombre de sélections 2023 109 266 dossiers 19 193 dossiers
Score minimum 386-700+ points 400-600+ points
Avantage francophone +50 points bonus Priorité naturelle
Délai de traitement 6-8 mois 12-18 mois
Profil idéal Bilingue, 30-35 ans Francophone avec famille

Ce tableau révèle plusieurs points stratégiques. D’abord, Entrée Express traite un volume de dossiers beaucoup plus important et offre des délais de traitement post-invitation nettement plus courts. Surtout, le gouvernement fédéral a mis en place des rondes d’invitations ciblées pour les profils francophones, leur octroyant un bonus de points significatif. En 2023, ce sont ainsi près de 8 400 dossiers francophones qui ont été sélectionnés via Entrée Express, une part non négligeable. Pour un jeune professionnel bilingue, cette voie peut donc s’avérer plus rapide que le processus québécois, traditionnellement plus long.

L’arbitrage est donc le suivant : si votre profil est jeune, bilingue et que vous atteignez un score élevé, Entrée Express est une option très sérieuse. Si vous êtes francophone avec une famille et que votre score est plus modeste, le système québécois, bien que plus lent, pourrait être plus sécurisant.

L’erreur de croire qu’une offre d’emploi garantit l’immigration sans EIMT

C’est l’un des mythes les plus dangereux pour un candidat à l’immigration : penser qu’une offre d’emploi, même pour un métier en pénurie, suffit à garantir le permis de travail. La réalité administrative est plus complexe et tourne autour d’un acronyme clé : EIMT (Étude d’Impact sur le Marché du Travail). Par défaut, un employeur canadien doit prouver qu’il n’a trouvé aucun Canadien ou résident permanent pour pourvoir un poste avant d’embaucher un étranger. C’est une procédure longue, coûteuse et incertaine.

Heureusement, pour les métiers en forte pénurie, il existe une liste de professions dispensées de cette EIMT, dans le cadre du « traitement simplifié ». C’est là que réside la véritable accélération. Cependant, l’offre d’emploi ne suffit pas. L’employeur doit activement suivre la bonne procédure administrative pour faire valoir cette dispense. Une simple erreur de sa part peut faire échouer tout le processus. De plus, le contexte peut être volatile. Par exemple, un moratoire a été décrété par le Québec, suspendant temporairement la réception de certaines demandes dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) à compter de septembre 2024. Cela rend la maîtrise du processus encore plus cruciale.

En tant que candidat, vous devez devenir proactif et vous assurer que l’employeur est sur la bonne voie. Vous devez être le co-pilote de votre démarche administrative.

Plan d’action post-offre d’emploi : sécuriser votre démarche

  1. Vérifier par vous-même : assurez-vous que votre profession et le poste offert figurent bien sur la liste officielle des métiers dispensés d’EIMT pour le Québec.
  2. Confirmer la voie : discutez avec l’employeur pour confirmer qu’il utilisera le portail ARRIMA pour les demandes de traitement simplifié, et non la procédure d’EIMT standard.
  3. Informer l’employeur : assurez-vous que le service RH de l’entreprise connaît les démarches spécifiques auprès de Service Canada et du MIFI (Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration).
  4. Obtenir le numéro clé : demandez à l’employeur de vous fournir le numéro d’offre d’emploi (composé de 7 chiffres) qui est généré via le Portail des employeurs du gouvernement fédéral.
  5. Anticiper les documents : préparez de votre côté le formulaire « Demande de sélection temporaire – Programme des travailleurs étrangers temporaires » (CAQ).
  6. Clarifier les frais : soyez au clair sur qui paie quoi. Les frais de traitement de l’offre (230 CAD) sont à la charge de l’employeur, tandis que les frais de CAQ sont généralement payés par le travailleur.

Ne pas suivre ces points, c’est prendre le risque que votre dossier soit retardé, voire refusé, non pas à cause de votre profil, mais à cause d’une erreur administrative.

Quand se réorienter vers la construction pour profiter des salaires élevés immédiats ?

Pour certains candidats, la voie la plus rapide vers l’immigration et un revenu confortable au Québec n’est pas dans leur domaine d’origine, mais dans une réorientation stratégique vers le secteur de la construction. Ce secteur connaît une pénurie de main-d’œuvre si aiguë que les salaires et les conditions d’entrée sont devenus extrêmement attractifs. Avec des prévisions d’augmentation salariale de +3,9% pour 2025 selon l’enquête de Normandin Beaudry, la construction surpasse de nombreux autres secteurs en termes de potentiel de revenus à court terme.

Cette option n’est évidemment pas pour tout le monde. Elle requiert une aptitude au travail physique et une volonté de s’adapter à un nouvel environnement de travail. Cependant, pour ceux qui sont prêts à faire ce saut, le Québec a mis en place des passerelles pour faciliter l’accès aux chantiers pour les travailleurs formés à l’étranger. La Commission de la Construction du Québec (CCQ) est l’organisme clé qui régit l’accès à ces métiers. La démarche, bien que réglementée, est clairement balisée.

Voici les étapes fondamentales pour un travailleur étranger souhaitant intégrer le secteur de la construction au Québec :

  1. Obtenir une reconnaissance de compétences : Vous devez d’abord faire évaluer vos diplômes et votre expérience professionnelle par la CCQ pour obtenir une équivalence.
  2. Suivre la formation de sécurité : Un cours obligatoire de 30 heures sur la santé et la sécurité générale sur les chantiers de construction est requis pour tous.
  3. Obtenir le certificat de compétence-occupation : Une fois les étapes précédentes validées, vous pouvez obtenir un certificat temporaire qui vous permet de commencer à travailler.
  4. Accumuler les heures pour la permanence : Après avoir travaillé 150 heures, vous pouvez obtenir votre certificat permanent, qui vous donne un accès stable à l’industrie.
  5. Prévoir la saisonnalité : Il est crucial d’intégrer dans votre budget la réalité du chômage saisonnier, notamment pendant les mois d’hiver où de nombreux chantiers sont à l’arrêt.

Cette voie représente un véritable projet de carrière. C’est un engagement qui demande de la préparation, mais qui offre en retour une intégration rapide au marché du travail et une rémunération souvent supérieure à celle de nombreux métiers de service.

Santé ou TI : quel secteur recrute le plus rapidement sans délais administratifs ?

Pour les professionnels hautement qualifiés, le choix se résume souvent à deux pôles d’excellence au Québec : le secteur de la santé et celui des technologies de l’information (TI). Tous deux sont en pénurie, mais ils n’offrent ni la même vitesse d’intégration, ni la même sécurité d’emploi. L’arbitrage entre ces deux mondes est une décision stratégique qui doit prendre en compte votre tolérance au risque et vos objectifs de carrière à long terme.

Pour y voir clair, il faut comparer les dynamiques de chaque secteur. Le tableau ci-dessous met en lumière les principales différences en termes de salaires, de stabilité et de flexibilité, en se basant sur les dernières tendances.

Comparaison vélocité de carrière Santé vs TI au Québec
Critère Santé Technologies de l’information
Augmentation salariale 2025 +3,3% (secteur public) +4,3% (hautes technologies)
Stabilité d’emploi Très élevée (syndiqué) Variable (volatilité du marché)
Progression de carrière Lente mais prévisible Rapide mais incertaine
Flexibilité Horaires fixes Télétravail possible
Délai permis de travail 36 mois (processus simplifié) Variable selon employeur

L’analyse de ce tableau est révélatrice. Le secteur des TI offre des augmentations salariales potentiellement plus élevées et une plus grande flexibilité (télétravail). Cependant, il est aussi beaucoup plus volatil. Le boom de la demande post-pandémie a fait place à une phase de correction. Comme le note Mélissa Pilon, CRHA et experte-conseil, la situation s’est inversée :

Un président d’entreprise œuvrant dans les TI désespérait à l’idée de trouver un développeur pendant la pandémie. ‘Maintenant, j’ai 15 CV sur mon bureau’.

– Mélissa Pilon, CRHA, Experte-conseil chez Rémunération & Co

À l’inverse, le secteur de la santé, bien que moins flexible et avec une progression de carrière plus lente, offre une stabilité d’emploi quasi absolue et bénéficie pleinement des processus de permis de travail simplifiés et accélérés. Pour un candidat cherchant avant tout la sécurité et une voie claire vers la résidence permanente, la santé est souvent un choix plus sûr. Le secteur des TI, lui, s’adresse davantage à ceux qui privilégient le potentiel de gains et la flexibilité, tout en acceptant une part de risque plus élevée.

Aéroport ou frontière terrestre : où le traitement du permis de travail est-il le plus fluide ?

L’une des dernières étapes, et non des moindres, est l’obtention physique de votre permis de travail à votre arrivée au Canada. Deux options principales s’offrent à vous : le faire traiter à l’aéroport d’arrivée ou opter pour une procédure à une frontière terrestre, une pratique connue sous le nom de « tour du poteau » (ou *flagpoling* en anglais). Le choix de la méthode peut avoir un impact significatif sur votre expérience, le temps d’attente et le niveau de stress.

Faire sa demande à l’aéroport est l’option la plus directe. Cependant, les aéroports internationaux comme Montréal-Trudeau (YUL) peuvent être sujets à une forte affluence, de longues files d’attente et des agents d’immigration parfois surchargés. Le « tour du poteau », qui consiste à se présenter à un poste frontalier terrestre pour sortir et ré-entrer immédiatement au Canada afin de faire traiter sa demande, est une alternative légale et souvent plus efficace, à condition d’être bien préparé.

Cette méthode permet de choisir son moment et un poste frontalier moins achalandé, offrant un environnement potentiellement plus calme pour présenter son dossier. Si vous optez pour cette stratégie, une préparation méticuleuse est la clé du succès. Voici une liste de conseils pratiques issus de l’expérience de nombreux candidats :

  • Choisir le bon poste frontalier : Privilégiez un poste comme Saint-Bernard-de-Lacolle, qui est habitué à ce type de demandes, plutôt que des postes plus petits et moins familiers avec la procédure.
  • Choisir le bon moment : Présentez-vous en semaine et tôt le matin. Évitez absolument les week-ends, les jours fériés canadiens et américains, et les périodes de vacances.
  • Organiser vos documents : Apportez tous les documents originaux requis (passeport, offre d’emploi, CAQ, preuve de fonds, etc.) ainsi que des photocopies classées dans un dossier clair.
  • Rédiger une lettre d’explication : Préparez une courte lettre résumant l’objet de votre visite et le type de permis que vous sollicitez. Cela aide l’agent à comprendre rapidement votre situation.
  • Adopter la bonne attitude : Soyez patient, courtois et transparent. L’agent des services frontaliers a le pouvoir discrétionnaire d’approuver ou de refuser votre demande. Votre attitude compte.

Il est important de noter que cette procédure n’est pas un droit. Les agents peuvent limiter le nombre de demandes traitées par jour. L’alternative reste d’utiliser les services en ligne avant votre arrivée, si vous êtes éligible, pour éviter tout déplacement.

À retenir

  • La pénurie de main-d’œuvre transforme votre statut : vous n’êtes plus un demandeur, mais un talent avec un pouvoir de négociation réel sur les salaires et les avantages sociaux.
  • La maîtrise des détails administratifs est décisive. Comprendre les dispenses d’EIMT et choisir stratégiquement entre Entrée Express et les programmes provinciaux est plus important que l’offre d’emploi elle-même.
  • Votre stratégie d’intégration doit inclure des choix logistiques (point d’entrée) et de carrière (secteur public vs privé) qui auront un impact durable sur votre stabilité et votre bien-être au Canada.

Secteur public ou privé : qui offre les meilleurs avantages sociaux et fonds de pension au Canada ?

La décision finale de votre stratégie d’intégration ne concerne pas seulement l’obtention du permis de travail, mais la construction d’une vie stable et sécurisée. À cet égard, le choix entre un emploi dans le secteur public ou privé au Canada est fondamental. Si le secteur privé peut souvent offrir des salaires de base plus élevés et des bonus attractifs, le secteur public se distingue par une sécurité d’emploi inégalée et un ensemble d’avantages sociaux et de retraite souvent bien plus robustes.

Les récentes négociations dans le secteur public québécois ont encore renforcé cet avantage. Par exemple, l’entente de principe de 2024 a abouti à une amélioration historique des conditions de vacances. Les employés atteindront désormais le palier de 25 jours de vacances six ans plus rapidement qu’auparavant, marquant la première amélioration sur ce point depuis 1990. C’est un gain concret qui améliore directement la qualité de vie.

Mais l’avantage le plus significatif du secteur public réside dans ses mécanismes de protection à long terme, notamment les fonds de pension à prestations déterminées et la protection contre l’inflation. Ces éléments sont devenus extrêmement rares dans le secteur privé.

Étude de cas : le mécanisme de protection salariale du secteur public québécois

L’entente de 2024 a introduit un mécanisme de protection contre l’inflation particulièrement avantageux. Les augmentations salariales prévues pour 2026 (2,6%), 2027 (2,5%) et 2028 (3,5%) sont garanties, même si l’inflation était nulle ou négative. Contrairement à de nombreux contrats privés où les ajustements sont plafonnés ou conditionnels, ici, le gain est acquis. Ce type de clause offre une prévisibilité et une sécurité financière à long terme que le secteur privé peine à égaler.

Pour un nouvel arrivant, opter pour le secteur public peut donc être une stratégie extrêmement judicieuse. Cela signifie peut-être un salaire de départ légèrement inférieur à celui d’une startup en TI, mais cela se traduit par une tranquillité d’esprit, une meilleure conciliation travail-famille et une retraite beaucoup plus sûre. C’est un arbitrage entre le gain immédiat et la sécurité à vie.

Pour transformer cette opportunité en un projet d’immigration réussi, l’étape suivante consiste à faire évaluer votre profil spécifique pour définir une stratégie sur mesure qui maximise vos chances et sécurise votre avenir au Canada.

Questions fréquentes sur les permis de travail liés à la pénurie au Québec

Mon conjoint peut-il obtenir un permis de travail?

Oui, votre conjoint ou conjointe de fait peut être éligible à un permis de travail ouvert. Cette possibilité est généralement offerte si vous détenez un permis de travail et que vous occupez un emploi correspondant aux catégories FEER 0, 1, 2 ou 3 de la Classification Nationale des Professions (CNP). Cela lui permettra de travailler pour presque n’importe quel employeur au Canada.

Quelle est la différence entre permis ouvert et fermé?

La différence est cruciale. Un permis de travail fermé est lié à une seule offre d’emploi : il vous autorise à travailler pour un employeur spécifique, à un poste spécifique et dans un lieu spécifique. Vous ne pouvez pas changer d’emploi sans demander un nouveau permis. À l’inverse, un permis de travail ouvert n’est pas lié à un employeur. Il vous donne la flexibilité de travailler pour presque n’importe quel employeur au Canada, ce qui offre une plus grande liberté sur le marché du travail.

Rédigé par Amira Benali, Consultante Réglementée en Immigration Canadienne (CRIC) et experte en relocalisation, Amira possède 12 ans d'expérience dans l'accompagnement des familles et travailleurs qualifiés. Elle est spécialisée dans les stratégies d'intégration juridique et culturelle pour les nouveaux arrivants.